… l’été 2017 ressemble à un été sans fin pour cette ville normande du bord de mer, un été différent…
Bienvenue au Havre!
cet été semble sans fin pour Le Havre, à l’image de cet article avec lequel je compte vous faire voyager… vous pouvez si vous le souhaitez commencer par la fin, ce sera délicieux et coloré aussi ⚓️
Le Havre n’est à priori pas la première ville à laquelle on songe pour une escapade estivale… à tort certainement…
l’été 2017 ressemble à un été sans fin pour cette ville normande du bord de mer, un été différent qui révèle la ville aux yeux du monde aussi, un été dont on ne voudrait pas perdre une miette de couleurs.
2017 marque les 500 ans de la fondation de la cité par Francois 1er, mais son histoire est bien plus riche que cela. Aujourd’hui l’image de la ville est liée à celle de la reconstruction après les bombardements de 1944.
L’architecture d’Auguste Perret lui confère un aspect austère pour le novice qui arrive ou qui manque de temps pour déambuler dans la ville. Il y a du béton, beaucoup de béton certes, mais aussi des avenues larges et ouvertes à la lumière qui vient de la mer, une lumière exceptionnelle que les peintres impressionnistes n’ont pas manqué de peindre et d’explorer tellement elle est vibrante et nuancée. Il y a des immeubles qui se ressemblent, dessinés avec une grande rigueur et une remarquable technicité, il y a des logements lumineux et fonctionnels. Il n’y a pas de murs porteurs mais des plateaux ouverts, juste des colonnes tous les 6m24 qui portent l’ensemble de la structure. Le béton de remplissage change de tons selon la lumière … qui se glisse dans les rues et avenues rectilignes…
L’ambiance portuaire de la ville pourrait contribuer à cette froideur mais finalement non, les bassins, les portiques, les murs de containers, les ponts et cheminées deviennent des réceptacles de lumière. Les géants qui viennent s’engouffrer dans cet estuaire complètent le tableau avec leurs imposantes formes et couleurs. Les portes containers, paquebots et autres navires invitent à l’évasion et le monde se trouve soudainement à portée de main, il suffit de regarder l’horizon… des points de couleurs sur la mer se dessinent au fur et à mesure, ce ballet des géants de la mer ne cesse jamais, les très grands bateaux sont guidés par des petites « abeilles » et font tous les jours le spectacle des curieux et des rêveurs…
Ce va et vient de navires cohabite avec le rythme de la ville qui s’étend là, aux premières loges avec sa plage de galets. Il n’y a rien d’austère au Havre même si je ne sais toujours pas marcher pieds nus sur les galets. Je crois bien que c’est un privilège réservé à ceux qui sont nés ici … 😉
Royal de Luxe
Après un long voyage depuis notre île, nous sommes arrivées juste à temps pour rencontrer les Géants qui s’apprêtaient à passer leur dernière nuit au Havre. A vrai dire ils dormaient déjà, » t’entends comme ils ronflent fort maman? » me dit Mona, la voix déjà chargée d’émotion et d’impressions … Les habitants qui vont passer la nuit près d’eux seront bercés par le doux grondement de leurs souffles, en attendant ils veillent depuis leurs balcons… mais qui vieille sur qui finalement?
Le lendemain matin, ils vont repartir, dans la magie et la poésie en laissant dans leur sillage des étoiles dans les yeux, des histoires à se raconter et à imaginer, des souvenirs à partager.
La compagnie Royal de Luxe a tissé au fil des années un lien intime avec les havrais. L’histoire a commencé il y a 25 ans et nombreux sont ceux qui ont vu naître ces géants et se plaisent toujours à raconter ces rencontres avec beaucoup d’émotion. Depuis ils sont revenus, ma petite grande fille a été bercée par la Petite Géante et son Eléphant dans sa petite enfance, je me rappelle avec cette même émotion la première rencontre, les étoiles dans les yeux et les frissons quand la géante ouvre les yeux après sa sieste, tourne la tête, fait sa toilette, se promène ou pose des regards attendrissants autour d’elle …, car oui ces géants semblent réels tant les lilliputiens semblent leur donner vie.
Ces hommes tout de rouge vêtus s’accrochent, sautent dans le vide, tirent sur les cordes, actionnent cette impressionnante machinerie pour les rendre toujours plus réels et attendrir tous ceux qui viennent croiser leur route. D’ailleurs Jean Luc-Courcoult, le fondateur de la compagnie de théâtre de rue, se plait à qualifier de « réalisme imaginaire » cet univers dans lequel il transporte petits et grands pour abolir la notion de temps tellement les émotions et surprises sont fortes, « comme lors d’un premier baiser » se plait-il à dire…
La rencontre fut brève, un peu frustrante aussi je dois l’avouer, mais l’émotion face à ces géants aux regards tendres et aux gestes délicats est tellement intense… un frisson, des trémolos dans la voix, les yeux qui brillent… Merci pour ce moment…
Des couleurs sur la plage
La blancheur et l’alignement des cabanes de plage font partie du paysage havrais. Elles apparaissent sur la plage à chaque printemps, fraiches et pimpantes, prêtes à accueillir les beaux jours et leurs propriétaires impatients de s’y réinstaller pour vivre un nouvel été.
Elles sont toujours là, rigoureusement alignées face à la mer mais cette année elles se parent de chatoyantes couleurs pour cette nouvelle saison…
Une vie s’organise dans ces allées le temps de l’été, elles sont des fois pleines de vie, des territoires se dessinent, des fois seuls des rêveurs s’y perdent ou des adeptes de siestes au soleil, des promeneurs venus rêvasser ou s’évader un livre à la main, ceux qui savourent les frites de chez Victor ou une délicieuse glace italienne, les contemplatifs des premières et dernières lueurs du soleil, ceux qui pique-niquent en toute insouciance dans ce havre de paix isolé de la ville, en se disant tout simplement « que ma ville est belle » …
Le temps d’un été ces cabanes se sont vêtues de couleurs, des rayures verticales colorées rythment désormais le paysage. Karel Martens a imaginé une partition avec ces bandes multicolores et aux largeurs différentes. Il y a 10 couleurs et 6 largeurs différentes pour écrire l’ensemble, les cabanes restées blanches (souvent un refus des propriétaires de les peindre) font partie de l’oeuvre en rythmant la mélodie d’ensemble. L’artiste a imaginé ce tableau en trois dimensions en souhaitant que les bandes de couleurs ne soient jamais de couleurs identiques ni de même largeur sur la même face…
Deux cent milliards de possibilités pour ces 713 cabanes!
Une équipe de scientifiques a alors eu l’idée de créer un code numérique à partir du décret de François 1er fondant le port du Havre, en 1517. » Découper le texte en petits morceaux de quelques mots et associer chaque morceau à un groupe de cabanes « . Voilà donc l’empreinte colorée et graphique de ce décret fondateur sur la plage du Havre…
Accumulation of Power, dans l’église Saint-Joseph
L’église Saint Joseph est un des symboles de la reconstruction du Havre au lendemain de la seconde guerre mondiale et apparait aujourd’hui comme un phare dans la ville. L’église dessinée par Perret ne répond plus au codes traditionnels de l’architecture sacré et l’utilisation de nouveaux matériaux (comme le béton) sont témoin de ce renouveau et de cette volonté d’aller vers de nouvelles possibilités. Le béton brut se révèle ici dans toute sa finesse, les vitraux de Marguerite Huré plongent l’église dans une atmosphère lumineuse qui évolue au fil des heures. Les couleurs ont une symbolique religieuse selon leur orientation, des plus sombres à la base aux plus claires au sommet de la tour pour accentuer encore l’élévation vers le ciel.
Une église qui semble austère, futuriste ou résolument moderne…, mais laissez-vous surprendre et franchissez le seuil…
Cette tour est un puit de lumière qui inonde l’espace d’une multitude de taches colorées qui évoluent en quelques minutes et donnent vie au béton.
Un incroyable tissage de fils rouges comme un tourbillon s’érige dans la tour de l’église, c’est Chiharu Shiota qui tisse, et tisse encore, inlassablement sa toile. Des kilomètres de fils rouges qu’elle tricote, noue et entremêle comme un tourbillon qu’elle fait monter dans la tour de l’église Saint Joseph. L’oeil et la pensée sont emportés dans cette spirale sans fin qui envahit l’espace. C’est l’accumulation d’énergies qu’elle a ressentie dans ce lieu.
Une église est un lieu rempli d’énergie spirituelle, perceptible même pour les personnes qui ne sont pas croyantes. Dans mon esprit, chacun conserve cette énergie au plus profond de soi, raconte-t-elle. C’est le fil qui la guide, pour l’artiste cette accumulation est une parabole des âmes de tous ceux venus se recueillir ici…
Cette expérience restera certainement la plus touchante, empreinte de spiritualité et de sérénité, il était 18h35, c’était magique…
UP #3
La Porte Océane est un ensemble architectural emblématique de la reconstruction du Havre, les deux immeubles symétriques de part et d’autre de l’avenue Foch dessinent l’ouverture sur la mer, l’entrée dans la ville. Comme une porte qui s’ouvre sur l’horizon, qui laisse pénétrer la lumière dans la ville…
Les artistes Sabina Lang et Daniel Baumann ont joué avec cette perspective en installant leur gigantesque structure blanche dans cet axe, entre la mer et la ville. Cette structure blanche immaculée qui ressemble à un portique émerge de la plage de galets. Elle vient épouser les lignes droites de la ville et de son architecture rectiligne et rigoureuse, et apparait là dans sa blancheur avec légèreté et noblesse …
… en dévoilant à qui veut les deviner les lettres de la ville surnommée L H
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La promenade dans la ville réserve des surprises à tous les instants … le graffeur Jace a dessiné un peu partout sur les murs de sa ville natale des Gouzous, ces petits personnages sans yeux ni bouche qui se promènent désormais partout dans le monde… d’autres graffeurs ont pour l’occasion laissé leur empreinte sur les surfaces les plus insolites de la ville… au Havre marchez toujours les yeux ouverts, en l’air…
Pierre & Gilles
Pierre & Gilles nous emmènent dans leur univers onirique ou provocation et innocence, rêve et réalité, esthétique populaire et gay se côtoient.
40 année de complicité amoureuse et artistique qui ont vu naitre des portraits mythiques… Madonna, Stromae, Jean Paul Gaultier, Arielle Dombasle… ensemble ils signent ces oeuvres mettant en scène des amis, des célébrités, des personnalités rencontrés sur leur route et qui les inspirent. L’un photographie (Pierre) dans leur studio où ils créent de toutes pièces les décors, l’autre peint (Gilles) sur les tirages et sublime les photographies dans un savant mélange de références à des univers tantôt Bollywood, tantôt mythologique, féerique, religieux…
Gilles est un enfant du Havre, la mer fait partie de lui, de leur oeuvre.
Pour cette carte blanche au MuMa ils ont réalisé une installation à partir des cabanes de plage typiques du Havre, et plongent ainsi davantage le spectateur dans l’intimité de leur univers…
Catène de Containers
Deux arches monumentales faites de containers multicolores s’enchevêtrent au croisement du quai de Southampton et de la rue de Paris, l’axe qui relie l’hôtel de ville au port. Les containers sont emblématiques de la ville du Havre qui tous les jours en voit transiter des milliers. Un clin d’oeil à l’activité portuaire de la ville? Certainement … l’oeuvre est visible de la ville, de la mer, du port.
Cette oeuvre de Vincent Ganivet ressemble à une immense construction en Lego, qui dans la réalité devient une construction très audacieuse défiant les lois de la pesanteur. Solidité et fragilité, légèreté et équilibre, tout est lié dans cette complexe adéquation entre la forme massive et imposante qu’est le container et la légèreté donnée à ces courbes qui s’élèvent jusqu’à 25m de haut.
L’artiste a emprunté la technique de la « chaînette » à Antoni Gaudi. La chaînette est le nom que porte la courbe obtenue en tenant une corde par deux extrémités. Retourner l’objet et inverser le process consiste donc à donner un équilibre autoportant à toute courbe retournée, si l’on se base sur la force d’une chaine en suspension… avis aux matheux ou amateur d’architecture, c’est très interessant je vous assure… 😉
Le Volcan
Difficile de parler du Havre sans évoquer le Volcan. Les lignes courbes sont chères à Oscar Niemeyer et ici elles dialoguent parfaitement avec les lignes droites de Perret. Enveloppées de béton blanc, ces deux structures semblent éclore du sol comme des volcans, leur blancheur confère une luminosité extraordinaire au site. Une ambiance feutrée y règne, un quelque chose qui l’isole de la ville et invite à la contemplation, à la promenade, à la caresse… d’ailleurs les amateurs de glisse, petits et grands, ne démentiront pas…
La promenade continue… direction la ville haute et le Fort de Tourneville où rien n’est impossible… musique, arts visuels et théâtre animent ce site où les idées fusent de toute part.
Cet friche militaire désaffectée est aujourd’hui un lieu dédié à la culture avec des salles de concert, d’exposition, de répétitions, des lieux de résidence, des ateliers d’artistes mais aussi d’autres associations ou organismes reconnus dans la ville.
mais que fait ce gros ballon gonflable nommé Ada ? Karina Smigla-Bobinski a imaginé cette sphère flottante pour permettre au spectateur de participer à l’oeuvre, tout en noircissant l’espace du fait des déplacements aléatoires ou non de la bulle. Elle est toute hérissée de fusains et assez inapprivoisable puisqu’elle laisse des traces partout sur son passage ! y compris sur les spectateurs… Cette oeuvre interactive se « dessine » un peu davantage au fil des jours et des visites…
en longeant les murs des cabanes
Je ne suis pas Havraise mais cette ville est un de mes ports d’attache… alors je vous emmène encore le temps de quelques images pour une dernière promenade à la plage … une balade dont on ne se lasse pas, peu importe l’heure et le jour ♡
entre la ville et la plage, les artistes havrais nous invitent à longer les murs et leurs univers aussi…
Austère… vous avez dit austère? alors les couleurs de l’austérité sont bien joyeuses …
Merci d’être venu jusque là et peut-être de faire un jour un détour prolongé au Havre, il y a encore tant à y voir.
L H
MERCI pour ces doux moments parmi vous
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Une promenade tout à fait inattendue, qui modifie l’image austère que l’on a souvent du Havre ; bravo pour ces belles photos, leur but est atteint : donner envie 🙂
yes! juste dommage que ces oeuvres ne soient pas pérennes… mais la ville reste cependant superbe et passionnante à visiter, et quelle que soit la saison!
Merci Carla de m’avoir fait découvrir une autre facette du Havre avec tout cet art et ces couleurs, c’est incroyable ! Ton regard met vraiment bien en valeur toutes ces beautés insoupçonnées, bravo ! 🙂
merci, je suis ravie que cela te plaise! les oeuvres sont présentes pour l’anniversaire de la ville, mais elle reste néanmoins très interessante à visiter… en toute saison la lumière y est particulière et révèle l’architecture de Perret, j’adore!
Quel sublime travail Carla ! Bravo pour ces prises de vues uniques, pour ton style… ! Ce n’est pas évident de réussir à faire des clichés qui sortent du lot… j’en sais quelque chose ! Et bien tu l’as fait ! 🙂
hey, merci Anne-Sophie! tes mots me touchent beaucoup, mais toi aussi tu as réalisé de superbes photos de ces évènements 😉