[épisode #2] : le rythme des tambours bat dans les corps, les regards se rencontrent, les corps vibrent, les rues de Pointe-à-Pitre résonnent au rythme des groupes à peau
Les groupes à peau exercent une certaine fascination sur moi, il y a quelque chose d’insaisissable dans le temps, leur temps, celui des déboulés nocturnes, entre revendications et mysticisme… quelque chose d’impalpable aussi dans ce qu’ils dégagent et puis arrive ce moment où les énergies se rencontrent et circulent, ces moments intenses où leurs vibrations font trembler la terre sur leur passage…
qui sont-ils? le terme « groupe à peau » ou « gwoup a po » apparaît fin des années 1970 et est utilisé par le groupe Akiyo pour se distinguer des autres groupes (utilisant des futs en plastique ou caisses claires) et leur volonté d’utiliser des tambours recouverts de peaux d’animaux, notamment de cabris. Il y en a 3 types: tambour-chant, tambour-contrebasse et une grosse percussion, accompagnés de chachas et de conques à lambis. (A la période de l’esclavage le tambour servait aux esclaves à communiquer entre eux).
Ils développent peu à peu une mystique particulière, qui se traduit dans leurs « déguisements », qui font référence aux coutumes et mythes de l’île, et une volonté de s’inscrire dans la tradition de la Guadeloupe, en revendiquant un héritage historique et culturel. Ils avancent par centaines à un rythme rapide, vigoureux et saccadé.
Il y a quelque chose de spirituel dans les rituels : les groupes ne se déplacent jamais sans encens, pour chasser les mauvais esprits et ainsi purifier l’air. Le claquement sonore et effrayant des fouets au sol annonce l’arrivée des groupes, souvent ce sont des jeunes qui avancent les uns derrière les autres, préviennent qu’il faut s’écarter et chassent au passage quelques mauvais esprits.
Il y a des temps forts pendant cette période. En Guadeloupe, le 1er janvier annonce le début du carnaval et les jours gras, qui durent plusieurs jours, la fin (du samedi au mardi gras sans oublier le mercredi des cendres…). Chaque ville ou commune a également sa parade, nous en avons déjà vu ici.
scènes de rue à Pointe-à-Pitre
Mais il y a des moments qui se démarquent de tous les autres tant ils sont singuliers et authentiques, et qui se répètent ou se rejouent chaque dimanche… à Pointe-à-Pitre, en fin d’après-midi juste avant le début de la nuit et qui s’étend dans la nuit et dans ses rues. La ville devient le terrain de jeu des gwoup a po qui sortent de leurs quartiers ou qui viennent d’ailleurs, déboulent dans les rues, s’arrêtent là où on ne les attend pas, rythment et résonnent dans les ruelles, font vibrer le macadam et les milliers de spectateurs… ici il n’y a pas de parcours, pas de règles, la seule étant de n’en respecter aucune… et d’être à l’affût du son du tambour…
vous me suivez dans les sombres rues de Lapwent * ? pour vous laisser surprendre et enchanter par ce carnaval hors du commun, qui touche profondément les âmes et les coeurs de ceux qui le vivent et le rendent si fort… vous carnavaliers, nous spectateurs… (* Pointe-à-Pitre)
pause
il y a quelque chose d’indescriptible qui se passe dans ces moments de pause…
le rythme des tambours bat encore dans les corps, les regards se rencontrent, se perdent, les corps vibrent, les costumes se posent avant de s’animer et de reprendre vie, les énergies communiquent, les murs résonnent et racontent leurs histoires et doucement les pavés de la ville vont vibrer à leur rythme…
Les rues se teintent d’une autre ambiance quand tombe la nuit, le rythme des tambours s’y glisse et s’imprime sur les murs… je commence à comprendre pourquoi Pointe-à-Pitre résonne ainsi…
bonus coloré , à Basse-Terre
p.s. quelques sorties de jours et hors Pointe-à-Pitre se sont insérées dans les photos…
Woulo bravo ! et Merci à Vim, Akiyo, Nasyon neg mawon, Inité mas, Klé la, Mangrov la, Mas ka klé, Voukoum, Moun ki moun, K’mawon, Restan la, etc…, et tous les groupes qui nous ont fait vibrer durant cette saison …
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Merci pour les photos, que de variété ! 😀
oui et ce n’est qu’un aperçu!!! 😉
Je suis restée fascinée par cette série des groupes à peau, que je ne connaissais pas et qui dégagent quelque chose d’indescriptible… dont tes superbes photos nous donnent quand même à voir et à toucher du doigt un peu de leur magie. J’ai eu envie de prendre mes crayons en les regardant, je sens que l’inspiration pointe 🙂 Merci pour ce partage.
Waouhhh… Merci! je suis sincèrement touchée qu’elles te plaisent et t’inspirent autant… j’en ai toujours des frissons quand je les regarde, certaines séries me touchent davantage mais il y a toujours ce quelque chose d’indescriptible qui touche et qui transporte… je suis ravie de partager ainsi ces moments!